Henri Rousseau Le rêve 1910
L'été nous a ouvert ses portes, nous avons filé sous le soleil brûlant.
Un jardin luxuriant aux herbes gigantesques, fougères exubérantes, sentes
moussues, cachettes exiguës, le paradis de nos jeudis audacieux
où l'on venait s' aventurer, se faire peur et s' inventer un tout autre univers
Rires et frissons sur fond de toile verte
Notre écran géant au goût de liberté
de bataillons d'insectes, de criquets affamés
de serpents fluorescents et de chats tigrés aux feulements féroces
Ce rendez-vous des heures sauvageonnes où sonnait la rencontre pour une après-
midi de courses et de chasse avec sa panoplie: frondes, fusils de bois, arcs
flèches et rêves à pleines gibecières.
Ah ces instants - bonbons dégoulinant sur nos épaules brunies ! Senteurs d'herbes
foulées, saveurs de mûres écrabouillées, nous nagions dans un bonheur immense,
nous découvrions la terre, ils étaient nos héros. On les adorait nos
copains aux bras et jambes griffés, eux qui nous sacraient reines.
Regards déterminés et courage infaillible
Ils allaient vaincre
nous sauver
nous les princesses du jour
cauchemardant les nuits
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Balaline 8 février 2021
Pour l'Herbier d'Adamante